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Le marché de l'art haut de gamme en pleine récession à l'échelle mondiale.
Selon le rapport Art Basel & UBS Art Market Report 2025, les ventes mondiales d’œuvres d’art ont reculé de 12 % en 2024, atteignant 57,5 milliards de dollars. En cause : un essoufflement du marché haut de gamme, malgré la vitalité des segments plus abordables.
Après une forte reprise post-pandémie jusqu’en 2022, le marché mondial de l’art connaît un second coup d’arrêt. En 2024, selon le rapport annuel publié par Art Basel et UBS, les ventes globales ont reculé de 12 %, pour s'établir à 57,5 milliards de dollars. Ce repli est largement attribué à la contraction des ventes d’œuvres très haut de gamme, qui avaient jusqu’ici soutenu les valeurs globales du marché.
Un marché en valeur qui recule, mais un volume d’activité en hausse
Ce ralentissement ne reflète pas une baisse générale de l’activité. Le nombre de transactions a progressé de 3 %, pour atteindre 40,5 millions de ventes dans le monde. Ce dynamisme s’explique par la montée en puissance du segment des œuvres plus abordables, qui attirent un public élargi chez les marchands comme dans les maisons de vente. À l’inverse, les grandes ventes phares et records de prix, habituels moteurs médiatiques et financiers, ont marqué le pas.
Les ventes aux enchères publiques en net recul, le privé en progression
Les ventes aux enchères publiques ont connu une chute sévère, avec une baisse de 25 % en valeur, tandis que les galeries et marchands ont vu leur chiffre d’affaires reculer de 6 %. En revanche, les ventes privées organisées par les maisons d’enchères, moins exposées à la spéculation et à la volatilité, ont progressé de 14 % sur un an. Ce glissement des transactions vers des circuits plus discrets témoigne d’un climat de prudence chez les acheteurs, notamment pour les montants les plus élevés.
Les États-Unis conservent leur leadership, la Chine chute lourdement
Malgré une baisse de 9 %, les États-Unis confirment leur domination sur le marché mondial avec 24,8 milliards de dollars de ventes, représentant 43 % de part de marché, en hausse d’un point par rapport à 2023. Le Royaume-Uni, avec 10,4 milliards de ventes (soit 18 % du marché), reprend la deuxième place, profitant du repli de la Chine.
Le choc est en effet brutal du côté de l’Asie. Après un rebond en 2023, le marché chinois (incluant Hong Kong et la Chine continentale) s’est effondré de 31 % en 2024, pour tomber à 8,4 milliards de dollars, son niveau le plus bas depuis 2009. Cette baisse s’explique par un contexte économique morose, marqué par un ralentissement généralisé, la crise de l’immobilier et une confiance vacillante des acheteurs fortunés.
En Europe, les ventes en France ont diminué de 10 %, à 4,2 milliards de dollars, ce qui permet toutefois à l’Hexagone de conserver sa 4e place mondiale avec une part stable de 7 % du marché. À l’échelle de l’Union européenne, les ventes ont globalement reculé de 8 %, à 8,3 milliards de dollars.
L’e-commerce s’installe durablement, mais loin des sommets de la pandémie
Les ventes en ligne ont baissé de 11 %, à 10,5 milliards de dollars en 2024. Si cette performance est inférieure à celle des quatre années précédentes, elle reste 76 % supérieure à celle de 2019, juste avant la pandémie. La part de l’e-commerce dans les ventes totales se stabilise à 18 %, loin du pic de 25 % atteint en 2020, mais le double des niveaux observés avant la crise sanitaire. Cela témoigne d’un ancrage durable des canaux numériques dans les habitudes d’achat d’art, sans toutefois supplanter les ventes physiques.
Source : Art Basel & UBS Art Market Report 2025, rédigé par Arts Economics, publié en mars 2025.